Méga-bassines, non merci !

A l’initiative de la Confédération Paysanne et du Collectif Les soulèvements de la terre,  une grande manifestation nationale rassemblant agriculteurs et citoyens aura lieu les 26 et 27 mars à La Rochénard dans les Deux-Sèvres, pour s’opposer à la fuite en avant du gouvernement soutenant l’utilisation des méga-bassines, nouveaux symboles de l’agriculture industrielle. Les méga-bassines captent l’eau des cours d’eau et des nappes phréatiques au service d’un modèle agricole industriel, fortement consommateur d’intrants chimiques et accapareur des communs.

Face au changement climatique et au risque de pénurie d’eau, il est temps de changer de modèle agricole et non de se lancer dans une fuite en avant. Les alternatives aux méga-bassines existent : des exploitations à taille humaine et des élevage liés au sol, la replantation de haies, la protection des zones humides, revenir à un élevage de plein air avec animaux au patûrage et ne dépendant plus d’une alimentation gourmande en pesticides et en eau…

Méga-bassine : c’est quoi ?

Ce sont des ouvrages géants, plastifiés, entourés de digues de 10 mètres de haut, qui servent à stocker de l’eau. En moyenne une méga-bassine mesure 8 ha mais les plus grandes mesurent jusqu’à 18 ha. L’eau récoltée ne provient pas principalement de l’eau de pluie mais des nappes phréatiques et des cours d’eau grâce à des systèmes de pompage.

Ces méga-bassines sont au service d’une agriculture industrielle très gourmande en pesticides chimiques et en eau (mono-culture de céréales et élevage hors-sol).

Elles entrainent une perte de la qualité de l’eau et des milieux naturels et assèchent les rivières et les zones humides environnantes.

Cette eau répond en temps normal à divers besoins vitaux (sols, plantes, animaux) des cycles biologiques naturels, et ce jusqu’au milieu marin très dépendant de la quantité et de la qualité de l’eau douce.
Mais ces pompages massifs, s’ils se généralisent, risquent de remettre en cause le cycle naturel de l’eau et plus généralement de déstabiliser des écosystèmes entiers.

Des méga-bassines payées par l’argent public

Ces méga-bassines ne sont pas rentables économiquement et accaparent l’argent public au profit d’une petite minorité d’exploitants agricoles

Les principaux territoires concernés sont la Nouvelle-Aquitaine, les Pays de la Loire, suivis des régions Centre et Bretagne. AInsi par exemple, dans la Sèvre niortaise et le Marais poitevin il est prévu de couvrir 200 hectares de terres agricoles pour un coût d’environ 40 millions d’euros, financé à 70 % par des fonds publics.

Elles n’assurent en rien la souveraineté alimentaire de la France

6% de la surface agricole utile est irriguée en France. Les principales cultures irriguées sont le maïs (41%) et les céréales (17%). La moitié des céréales produites en France sont destinées à l’exportation. Seuls 11% sont destinés à l’alimentation humaine et près de 20% pour l’alimentation du bétail.

Ce sont essentiellement des grandes exploitations dont les cultures sont souvent destinées à l’exportation et d’autre part à l’alimentation du bétail d’élevages industriels.

Nous demandons :

  • L’arrêt immédiat des projets de méga-bassines ;
  • Des financements publics qui incitent prioritairement les paysan·ne·s à s’engager dans des systèmes qui limitent leurs impacts sur la ressource en eau, en quantité et en qualité ;
  • Une gestion de l’eau transparente et démocratique : l’accès à l’eau en agriculture doit soutenir prioritairement les productions locales pour l’alimentation humaine, l’élevage paysan et des productions agricoles à forte valeur ajoutée et intensives en emplois ;
  • La reconnaissance du « droit de l’eau » comme préalable au droit d’accès à l’eau pour l’irrigation. Le respect du cycle de l’eau et sa préservation doivent être garantis sinon sa disponibilité est de fait remise en cause.